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juillet 2022

Entre incertitudes et convictions fortes...

Edito

Entre incertitudes et convictions fortes...

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GB
Gaël Bodénès
CEO - BOURBON
2 min

Notre secteur de l’énergie est aujourd’hui dans une situation pour le moins paradoxale, à la fois marqué par le caractère imprévisible de la crise que nous vivons aujourd’hui, mais aussi par une conviction forte quant à la transition énergétique !

Imprévisible en effet car la guerre en Ukraine impacte les marchés de l’énergie et des matières premières et nous apporte quotidiennement son lot d’incertitudes. A l’heure où j’écris ces quelques lignes, j’ai naturellement une pensée pour nos marins et leurs familles durement touchés par cette guerre et qui vivent des moments si difficiles. Je tiens à les assurer de tout mon soutien. Imprévisible aussi car la pandémie liée au Covid continue d’impacter fortement toute la Supply Chain mondiale. Pour certains équipements critiques, il nous faut maintenant pratiquement un an de délai de livraison.

Ainsi, le baril a atteint ces derniers mois des niveaux d’avant-crise à près de 120$, après s’être longtemps stabilisé aux alentours des 60$ que le marché considérait jusqu’alors comme un « new normal ». Enfin, au plus près de notre activité, nous sommes passés quasiment sans transition, d’une surcapacité en navires de support offshore au cours des années 2015 à 2020 à un manque de navires disponibles à court terme pour supporter la croissance du marché.

Mais au-delà de ces incertitudes à court terme, il est cependant un point clair et prévisible : l’accompagnement vers la transition énergétique n’est pas une option. Elle est une nécessité impérieuse face aux défis urgents du réchauffement climatique qui nous concerne tous. L’ambition et l’objectif du net zéro à horizon 2050 sont quant à eux bien posés. L’Oil&Gas reste pour au moins une décennie, l’alternative nécessaire au remplacement du charbon à court terme. Son développement ces prochaines années, sera à n’en point douter indispensable pour soutenir la demande mais aussi pour financer le développement des énergies renouvelables et en particulier celles de l’Offshore éolien.

Comme le souligne Thom Payne de Westwood Global Energy Group dans cette édition de PartnerShip, de nombreux projets O&G stoppés durant la pandémie ont en effet été réactivés, les investissements sont en forte augmentation et de nouvelles zones géographiques tirent leur épingle du jeu. Dans le même temps, les énergies renouvelables offshore, et notamment les éoliennes flottantes, connaissent une croissance exponentielle. En Europe de l’Ouest, de nombreux démonstrateurs, dont celui du britannique Marine Power Systems auquel BOURBON apporte son support, vont entrer en phase d’industrialisation, et des pays tels que l’Ecosse, l’Irlande, le Royaume Uni, la Norvège, l’Allemagne ou la France initient des plans d’action ambitieux pour prendre ce virage stratégique. Dans ce contexte, notre groupe est à la croisée des chemins, fort de son expertise reconnue à la fois dans l’Oil&Gas, son cœur de métier historique, mais aussi dans l’installation des éoliennes offshore dont il est devenu une référence. Partout dans le monde, nous nous tenons aux côtés des producteurs d’énergies en mer pour leur apporter des solutions innovantes.

Edito
Paroles d'expert

BOURBON engagé dans le développement du champ GTA en Mauritanie et au Sénégal

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Rhodri Williams
Chef de projets T&I - Saipem
3 min

Saipem et Eiffage construisent les infrastructures maritimes pour le Terminal Hub dans le cadre du développement du champ Greater Tortue Ahmeyim (GTA) de BP, un projet de très grande envergure destiné à produire du GNL sur la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal. BOURBON est impliqué dans ce projet via son navire FSIV Bourbon Sirocco exploité par Saipem dans la zone. Rhodri Williams, chef de projets T&I chez Saipem, présente les détails de cette collaboration dans une nouvelle zone d’opération pour BOURBON.

 

PartnerSHIP : Quels facteurs vous ont conduit à exploiter un FSIV pour ce projet, et en particulier le Bourbon Sirocco ?

Rhodri Williams : Nous voulions simplement un navire polyvalent, qui puisse gérer à la fois les changements d'équipage et les ravitaillements réguliers. Le Bourbon Sirocco dispose d’une vaste surface de pont ainsi que de nombreux sièges passagers. Quand nous avons examiné la liste restreinte de navires proposés en réponse à notre appel d'offres concurrentiel, le Bourbon Sirocco remplissait le cahier des charges technique mais bénéficiait de surcroit d’une approche contractuelle très compétitive. Sur le plan commercial, BOURBON était parfaitement aligné sur les besoins de Saipem. Je constate d'ailleurs une excellente flexibilité des deux côtés.

[NDLR : depuis la réalisation de cette interview, un 2ème navire de transport de personnel, le Surfer 2609, est engagé en support des opérations de Saipem sur le champ GTA. Ce navire de 26m, avec sa cabine de 50 sièges passagers, assure pour sa part 2 à 3 rotations par semaine et vient compléter le dispositif initial reposant sur le seul FSIV Bourbon Sirocco.]

PS : Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ce type de navire est idéal dans un tel contexte ?

RW : Nous effectuons trois ravitaillements par semaine, entre Dakar et le Hub, qui est la plate-forme que nous construisons actuellement. Le Hub est situé à 120 milles nautiques de Dakar, sur la frontière mauritano-sénégalaise. Ces ravitaillements consistent principalement à apporter de la nourriture, évacuer les déchets et transporter des matériaux dans les deux sens. Nous combinons les ravitaillements avec les transferts des membres d'équipage, ce qui signifie qu'en effet, un seul navire est nécessaire. Bien sûr, cela pose de nombreux défis car le Bourbon Sirocco est plein à chaque trajet et est utilisé à 100 % de ses capacités, mais dans le marché d'aujourd'hui, nous ne pouvons pas nous permettre d'exploiter deux navires. La durée du trajet étant longue, nous avions donc besoin d'un navire relativement rapide afin de minimiser les temps de voyage pour les membres d'équipage du Hub. Grâce au Bourbon Sirocco, nous parvenons à effectuer le trajet en 6 ou 7 heures. Dans l'ensemble, c’est une solution très efficace pour contribuer activement à la construction offshore. Par ailleurs, en ce qui concerne les conditions marines, on trouve en Afrique de l’Ouest une houle très longue. Le fait d'avoir un navire de ravitaillement plus petit peut potentiellement réduire le temps de trajet, cependant les conditions risquent d'être moins bonnes qu'avec le Bourbon Sirocco. Nous disposons donc d'un navire qui répond à tous nos besoins, à savoir les transferts d’équipage et le ravitaillement, et idéal pour travailler dans cette partie du monde.

 

PS : Comment se passe la relation entre Saipem et l'équipage du Sirocco ?

RW : Les deux commandants avec lesquels nous avons travaillé sont très compétents. La relation entre eux et mon manager opérationnel est transparente grâce à une communication permanente. Ils sont réactifs, flexibles et ont des retours pertinents. Ce sont les deux aspects les plus importants selon moi. Nous maintenons également un rythme de réunions hebdomadaires et bihebdomadaires entre l'équipe du projet et celle de BOURBON, basée à Marseille.

 

PS : Sur un projet comme GTA, qu'attendez-vous d'un prestataire de services tel que BOURBON ?

RW : Pour moi, la flexibilité est un élément essentiel. Compte tenu du marché actuel, nous ne pouvons nous offrir le luxe d’une flotte très large et nous ne pouvons nous permettre de consacrer un énorme budget à la résolution des problèmes rencontrés ! Ce que j'apprécie dans en ce qui concerne le navire et ses affrètements, c'est que tout le monde est flexible et prêt à s'adapter. Si nous avons besoin d’aide ou d'un soutien supplémentaire, même si cela va au-delà de l'activité habituelle de BOURBON ou des services contractés, BOURBON est toujours partant pour nous porter assistance. Par exemple, BOURBON va effectuer des opérations de soutage pour nous, si nécessaire, et s'adaptera aux changements d'horaires des transferts d'équipage. Personne ne pose de questions et tout le monde est toujours disponible et flexible. Je pense que la capacité à s'adapter et la flexibilité sont des éléments cruciaux pour la réalisation du projet, car rien ne se passe jamais comme prévu. On ne sait jamais ce qui peut arriver ! Notre relation avec BOURBON est donc vraiment très bonne. En fin de compte, nous travaillons tous main dans la main pour achever au mieux le projet et en faire une réussite. Si tout le monde commence la journée avec cet état d'esprit, il ne devrait pas y avoir de contretemps.

 

PS : De quelle manière le projet continuera-t-il ?

RW : Une fois l'installation achevée, vers la fin juillet ou au mois d’août, nous disposerons de 6 mois pour effectuer un raccordement et mettre en service le terminal dans son intégralité. C'est à ce moment-là que le projet naît réellement, si vous préférez. Nous aurons un grand flotel dans le Hub où tous les employés pourront séjourner. Par ailleurs, deux fois par semaine, nous aurons des ravitaillements réguliers de personnel et d'équipements. Cela durera jusqu'à début 2023.

 

 

Paroles d'expert
Ils témoignent

Des ROV adaptés aux spécificités du marché des énergies renouvelables offshore

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Fabian Bonetti
Directeur Général - BO DNT
3 min

Bourbon Offshore DNT (BO DNT), la filiale italienne de BOURBON dédiée aux ROVs (Remotely Operated Vehicles), mène actuellement des études en vue de réaliser un upgrade d'une partie de sa flotte ROV afin de répondre aux besoins spécifiques du marché des énergies renouvelables offshore. Les explications de Fabian Bonetti, Directeur Général de BO DNT.

PartnerShip : Pourquoi une telle initiative et qu'implique-t-elle ?

Fabian Bonetti : L'un de nos clients nous a demandé de mener cette étude de mise à niveau, après avoir obtenu un financement européen destiné à réaliser une étude sous-marine dans le cadre d'un projet de grande ampleur dans les énergies renouvelables. L'amélioration significative de la performance des ROV permettrait d'accélérer l'acquisition de données et d'économiser du temps et de l'argent tout au long des projets. Nous avons réalisé deux études différentes : une portant sur l'hydrodynamique du système et l'autre sur l'augmentation des performances. Nous avons donc examiné l'hélice, la vitesse et toutes les autres modifications que nous pouvons apporter à la configuration existante de nos ROV. Comme nous l'avons anticipé, les études nous démontrent plutôt qu'une telle conversion peut améliorer les performances jusqu'à 60 % ! Il s'agit d'une véritable amélioration par rapport aux performances des ROV à grande vitesse actuellement disponibles sur le marché.
 

PS : Votre flotte de ROV sera-t-elle convertie dans son intégralité ?

FB : Les modifications ne concernent que certains de nos Work-Class ROV, connus sous le nom de WROV. Nous en possédons treize. En fait, la dynamique actuelle du marché des énergies renouvelables, avec ses champs et ses éoliennes offshores, nécessite vraiment que les modèles de ROV soient mis à niveau ou complètement nouveaux. Ces installations sont généralement situées dans les eaux continentales peu profondes, ce qui implique la présence de forts courants. Les ROV standards, conçus pour le marché de l’Oil&Gas sont plus adaptés aux opérations en eaux profondes, où les conditions de surface et les courants ne posent pas vraiment problème. La demande du marché nous impose de mettre à niveau certains WROV pour une efficacité optimale en eaux peu profondes. Nous n'aurons probablement besoin d'en convertir que deux ou trois. Il va sans dire que nos ROV standards demeurent la solution idéale pour le marché de l’Oil&Gas, où nous continuerons d'être très actifs.
 

PS : Quand procèderez-vous à ces conversions ?

FB : Pour l'instant, nous attendons un bon pour accord contractuel de notre client avant d'entamer la conversion du premier ROV. En parallèle, nous évaluons l'adoption probable de ce type de ROV par le marché afin d'examiner à quelle vitesse le chiffre d'affaires pourrait compenser les investissements si nous en convertissons davantage.
 

PS : Quel est le délai de conversion des ROV ?

FB : Selon nos estimations, cela prendra entre 16 et 20 semaines. Le long délai d'exécution est en grande partie dû à des retards dans l'approvisionnement des matériaux, puisqu'il existe actuellement de nombreuses restrictions et de pénuries de composants dans le monde. Si nous avions démarré l'année dernière, ce délai aurait été de 8 semaines !

L'amélioration significative de la performance des ROV permettrait d'accélérer l'acquisition de données et d'économiser du temps et de l'argent tout au long des projets.

Fabian Bonetti
Directeur Général - Bourbon Offshore DNT

PS : Quelle est la place des ROVs dans les installations d’éoliennes offshore ?

FB : Nous sommes présents sur l'ensemble des projets que BOURBON accompagne, notamment WindFloat Atlantic (au Portugal), TetraSpar au large de la côte norvégienne et le champ éolien de Kincardine dans la mer du Nord. Nos ROV ont été exploités dans le cadre de tous ces projets. Lorsque nos WROV seront convertis, Bourbon Subsea Services sera en mesure d'offrir des capacités de gestion des forts courants entièrement à partir de la propre flotte de la société.
 

PS : Vous mettez à niveau vos WROV existants mais un modèle complètement nouveau de ROV est-il actuellement en développement ?

FB : C’est l’actualité du marché, le sujet est à l’honneur dans toutes les conférences. Nous travaillons avec notre client afin d'identifier un fabricant susceptible de proposer un ROV capable de se déplacer dans l'eau aussi vite qu'un navire. Pour le moment, ce procédé est encore à un stade embryonnaire mais un prototype sera bientôt disponible.

Ils témoignent
Réussir ensemble

Une demande soutenue par des investissements massifs

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TP
Thom Payne
Head of Offshore Energy Services - Westwood Global Energy Group
5 min

Selon Westwood Global Energy Group, les investissements vers l'oil&gas à l’offshore devraient être de 300 milliards de dollars jusqu'en 2025, un montant supérieur à ceux investis dans l’oil&gas offshore et les énergies renouvelables réunis entre 2016 et 2020. Nous avons demandé à Thom Payne, Head of Offshore Energy Services chez Westwood Global Energy Group, de nous donner sa vision du marché sur les 5 à 10 prochaines années.

 

PartnerShip: Malgré la croissance exponentielle des énergies renouvelables, le marché de l’oil&gas devrait encore fortement se développer au cours des prochaines années. Comment jugez-vous cette situation ?

Thom Payne : Nous pensons, bien sûr, que l’oil&gas offshore, en termes d'investissements, est appelé à croitre fortement au cours des 5 prochaines années. En effet, 2020 a été l'une des années les plus difficiles pour l'ensemble du secteur, avec un baril chutant à des niveaux historiquement bas et le WTI passant brièvement, pour la première fois de son histoire, à des valeurs négatives. Résultat : un climat d'investissement défavorable et des dépenses d'exploration et de production (E&P) pour l'approbation de nouveaux projets en forte baisse. Mais l’année 2021 a donné lieu à un net rebond. La période pré-pandémie avait déjà laissé entrevoir des perspectives positives sur un secteur fortement éprouvé depuis 2014, date du premier ralentissement. Nous constatons depuis 2016 de réelles améliorations, année après année. L’optimisme entrevu fin 2019 a certes été anéanti par la pandémie. Cependant, bon nombre de projets évoqués à cette période font aujourd'hui à nouveau l'objet de discussions. En réalité, nous avons enregistré en 2021 un niveau d'investissement très similaire à celui de 2019 et nous assistons actuellement, sans aucun doute, à une reprise. Au cours des deux prochaines années, nous pouvons nous attendre à une nouvelle hausse des niveaux d'investissements dans l’oil&gas. Les niveaux élevés d'investissement qui étaient attendus sont d’ailleurs déjà là en cette première partie de l'année.

PS : Certains analystes évoquent un prix du baril autour de 120 à 150 $ pour l'année prochaine. Vous attendez-vous à une telle hausse sur le court terme ?

TP : Il est très difficile de prévoir le prix du baril et d'anticiper les flux à court terme. Le fait qu'une grande partie des barils de Brent atteignent 110 $ US était le résultat d'une majoration liée au contexte géopolitique. Le risque géopolitique a probablement été pris en compte quasiment sur tout le mois de février, avec un baril atteignant les 90 $ US. Avant cela, la hausse du Brent était davantage liée à des questions d’ordre structurel, , tels que l'incapacité apparente du bloc « OPEC + » à respecter les quotas. Si nous excluons le risque géopolitique, pouvons-nous envisager un baril qui se maintienne à 120 $ ? Ce n’est pas l’option que nous retenons. Il y a tout simplement trop de barils artificiellement retirés du marché et plusieurs millions par jour qui, en théorie, y feront leur retour. Nous observons également un investissement massif dans les nouvelles capacités de production dans les états du « Conseil de Coopération du Golfe » (Gulf Cooperation Council) ainsi qu’au Brésil et au Guyana. Du point de vue de l'offre et de la demande ou d’un point de vue structurel, nous ne pouvons donc pas vraiment justifier un baril à 120 $ US mais le marché devrait rester sous tension malgré tout.
 

PS : Pouvez-vous nous en dire plus sur les augmentations des investissements dans l’oil&gas jusqu'en 2025 ? Quels sont les acteurs principaux de ces investissements et dans quelles zones géographiques ?

TP : A la lecture des principaux facteurs stimulant les investissements, il ressort que les compagnies pétrolières nationales du Moyen-Orient, à savoir Aramco, ADNOC et Qatar Energies, ont des plans d'expansion très ambitieux. Les autres zones clés sont l'Australie, très active en termes d'approbation de projets, mais également l'Amérique latine. La compagnie nationale brésilienne Petrobras est en pleine croissance, si l’on se réfère notamment à ses niveaux d'approbation de projets et à ses investissements dans de nouvelles capacités de production. Ajoutons également le succès incroyable d’Exxon au Guyana. Si aucun projet n'y a été validé l'année dernière, nous pensons que la situation évoluera cette année, avec des projets comme Yellowtail. Nous pouvons d'ailleurs déjà observer une première approbation au Suriname, une zone qui va très certainement se retrouver sur le devant de la scène. Ce regain d’activité va entraîner des investissements importants dans l’offshore profond. Nous allons sans doute également assister à une forte reprise d’activité en Afrique de l’Ouest. Je pense à ExxonMobil car leur campagne d’exploration en Namibie a été couronnée de succès et certains projets devraient être accélérés. On peut citer également l'Angola qui devrait bénéficier d’une hausse d’activité.

La pandémie a accéléré le mouvement vers la transition énergétique et l'éolien offshore a pris la tête du secteur, grâce à des plans de croissance massifs visant à développer les capacités de production partout dans le monde.

Thom Payne
Head of Offshore Energy Services - Westwood Global Energy Group

PS : Que pensez-vous de la stratégie des grandes compagnies aujourd'hui en matière d'investissements à la fois dans l’oil&gas ainsi que dans les énergies renouvelables ? Les stratégies des majors américaines et européennes sont-elles comparables ?

TP : Les super majors européennes ont ouvert la voie en matière d'investissement dans les énergies renouvelables, notamment l'éolien offshore. Grâce aux prix élevés du pétrole et aux cashflow d’exploitation, elles se décident à présent à investir dans des projets plus durables sur le plan du climat. Les majors américaines, quant à elles, semblent privilégier leur cœur de métier, qui génère des rendements plus élevés. Si nous comparons les taux de rentabilité (TRI) des projets oil&gas par rapport à ceux des énergies renouvelables offshore, on constate que le TRI pour le renouvelable atteint généralement 5 à 7 % alors que celui des projets oil&gas se situe à près de 25 %. Les majors américaines concentrent donc les investissements les plus importants sur leur cœur d’activité. Elles ont en outre décidé de se lancer dans le captage du carbone. Leur objectif est d'investir dans le captage pour des opérations oil&gas afin de réduire leurs émissions de CO2. Le temps nous dira si ces stratégies porteront leurs fruits mais nous nous attendons à des plans de grande ampleur de la part des majors américaines.
 

PS : Quelles seront les conséquences de ces stratégies sur le marché des OSV ?

TP: Ce marché a généralement tendance à être décalé par rapport à l'activité globale du secteur. Néanmoins, tous les éléments que j'ai cités laissent présager un avenir extrêmement positif. Le secteur a traversé une période très tourmentée depuis la récession démarrée fin 2014. Cependant, à l’instar du marché des plateformes, nous avons observé une rationalisation de plus en plus rapide de la flotte, surtout depuis 2016. Des désactivations et une destruction croissante de certains navires ont été observées, bien que cette dernière constitue un véritable challenge. Nous avons également constaté une croissance de la demande. Nos prévisions sont donc positives pour les prochaines années, grâce notamment à l'approbation de projets et à l'augmentation du nombre d'appareils de forage.

Nous pensons également que le taux d’utilisation de la flotte d'OSV, actuellement autour de 61 % si l'on ne prend pas en compte les navires désactivés, atteindra les 78%. Sur certains segments, plusieurs zones géographiques connaîtront un véritable resserrement de l'offre. Encore une fois, c'est le Moyen-Orient qui ouvre la voie. Il s'agit probablement de l'un des marchés les plus sous tension. Ainsi, grâce à tous ces investissements liés à l'expansion des capacités de production, la demande ne peut que croître. D'un autre côté, il y a toujours des directives strictes en matière d'appels d'offres provenant des compagnies pétrolières nationales (NOC) et des compagnies pétrolières internationales (IOC) dans cette région, surtout en ce qui concerne les limites d'âge des navires ou certaines spécifications relatives à ces derniers. Cela réduit la réserve disponible et va mener à un marché encore plus sous tension et à une dynamique de marché beaucoup plus positive.
 

PS : Vous évoquez un manque d’OSV dans certaines régions. Pouvez-vous nous en expliquer les raisons ?

TP : Il y a aujourd’hui environ 1 100 navires désactivés et près d'un tiers d'entre eux ont moins de 15 ans. Un pourcentage non négligeable de cette flotte peut donc reprendre du service et être réactivée. D'ailleurs, nous constatons des réactivations chaque trimestre. On remarque également davantage d'exigences en matière de « local content » dans la plupart des régions, ce qui n'était pas nécessairement le cas entre 2014 et 2016. Ce phénomène limite la mobilisation inter-régionale qui constituait un élément essentiel du marché en 2016 et cela mènera à davantage de pénuries de personnel, plutôt à l'échelle régionale que mondiale. Certains marchés seront toujours assez bien adressés, notamment l'Amérique latine pour la classe des gros PSV, le Moyen-Orient pour les AHTS, etc.
 

PS : Quelle est votre opinion sur la transition énergétique et l'émergence de l'éolien offshore ces dernières années ? Quelles zones géographiques prendront la tête de ce secteur ?

TP : 2021 était une très bonne année pour le secteur de l’oil&gas en termes d'investissements et de reprise d’activité mais c'est bien le secteur de l'éolien offshore que l'on retrouve sur le devant de la scène, si l'on prend en compte les deux dernières années. La pandémie a accéléré le mouvement vers la transition énergétique et l'éolien offshore a pris la tête du secteur, grâce à des plans de croissance massifs visant à développer les capacités de production partout dans le monde. La Chine a dépassé le Royaume-Uni au cours de ces quelques mois. Les super puissances européennes, à savoir le Royaume-Uni, l'Allemagne et les Pays-Bas, continueront d'investir massivement. Nous observons une reprise marquée en France, surtout dans l'éolien offshore flottant. En dehors de l'Europe, Taïwan a été précurseur sur la scène internationale. D'après nos pronostics, il y aura une montée en puissance des autres pays asiatiques, tels que le Japon et la Corée du Sud, ainsi qu'aux États-Unis. Ces derniers ont eu du mal à se faire une place dans le secteur mais grâce au changement d'administration et à un intérêt réel porté au secteur de l'éolien offshore, nous avons observé, au cours des derniers trimestres, une vague d'approbations et de nouveaux contrats ainsi que des plans de production ambitieux, dont l'objectif est d'atteindre 30 gigawatts d'ici 2030. Le potentiel du secteur est énorme à l'échelle mondiale. Néanmoins, les plans de croissance prévus s'accompagnent de défis de grande ampleur, principalement au niveau de la chaîne d'approvisionnement et de la rentabilité. Il y a réel besoin de plus d'énergies renouvelables mais il reste encore beaucoup à faire pour créer la dynamique nécessaire au secteur éolien et consolider son rôle dans le secteur de l'énergie offshore au cours des prochaines décennies.
 

Remarque : les données indiquées dans cet article datent du 2 mars 2022.

Réussir ensemble
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MPS : un nouveau démonstrateur prometteur

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Benoit Dromard
Project Manager - BSS
2 min

Alors que l’industrie de l’éolien offshore rentre peu à peu en phase d’industrialisation, la société britannique Marine Power Systems (MPS) s’apprête à accélérer le développement de son démonstrateur, avec le support de Principia et Bourbon Subsea Services (BSS). Les explications de Benoit Dromard, Project Manager chez BSS.

 

Le démonstrateur conçu par la compagnie britannique Marine Power Systems (MPS) est une éolienne flottante pouvant être ancrée de manière stable en eaux profondes (profondeurs supérieures à environ 60 m). Aisément transportable et remorquable sur de longues distances, à l’aide de navires non spécialisés, son installation sur site est rapide et sûre. Sa déconnexion l’est tout autant, ce qui facilite le retrait du site en cas de maintenance importante. Une fois opérationnelle, elle bénéficie en outre d’une grande stabilité dans tout type de conditions, y compris lors de tempêtes. Ce démonstrateur devrait être installé début 2023 sur le site d’essai de BiMEP , dans le nord de l’Espagne.

« Une grande variété de flotteurs ont été développés au cours de la dernière décennie mais seuls quelques-uns ont atteint le stade du démonstrateur à échelle 1:1. Bourbon Subsea Services a d’ailleurs eu l’opportunité d’accompagner les principaux acteurs du marché dans leur démarche. Cette nouvelle collaboration avec MPS nous permet d’être aux côtés d’un futur leader. Nous sommes fiers d’agir en tant que pionniers dans le développement de l’industrie de l’éolien flottant et d’aider MPS à démontrer la valeur ajoutée de ses technologies. »

L'intérêt de l’éolien en mer dans la décarbonisation du mix énergétique n’est plus à démontrer, mais l'éolien en mer conventionnel (fixe) est limité au niveau mondial par la disponibilité de zones peu profondes. La technologie de l'éolien flottant élargit de manière considérable le champ des possibles et s’impose donc comme incontournable à un stade industriel.

MPS a attribué à Principia un contrat portant sur le design et l’assistance à maîtrise d’ouvrage, concernant la direction, l’exécution et la coordination de la conception du prototype ainsi que la supervision de l’approvisionnement, la fabrication et l’assemblage final de la plateforme, mais aussi sa mise en service et son exploitation.

Principia a attribué à Bourbon Subsea Services un sous contrat couvrant des services de conseil, pendant la phase de conception, sur un certain nombre de sujets opérationnels, ainsi que la supervision de l’approvisionnement et de la fabrication du prototype. « Bourbon Subsea Services apportera sa plus-value opérationnelle, basée à la fois sur son expérience en opérations d’installations et sur le savoir-faire développé lors de la réalisation de projets clé en main sur l’ensemble de la chaine de développement de l’éolien offshore flottant ces 10 dernières années. »

Après des années de développement, de tests et d’installation de prototypes ou de fermes pilotes, le marché de l’éolien flottant a atteint un niveau de maturité qui permet l’attribution des premières concessions à des développeurs. Bourbon Subsea Services se positionne sur ce marché en tant qu’entrepreneur EPCI auprès des clients souhaitant minimiser les interfaces contractuelles et l’ensemble des risques associés.
 

 Site d'essai en mer connecté au réseau pour la démonstration et la validation de convertisseurs d'énergie houlomotrice et de plateformes éoliennes flottantes.

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Regards croisés

Analyse vibratoire : la data au service de l'efficacité opérationnelle

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Raphaël Brière - Directeur Général Bourbon Tech Solutions
Raphaël Brière
Directeur Général - Bourbon Tech Solutions
3 min

Comme tant d’autres industries, l’industrie maritime tire profit de la révolution digitale, sur le plan opérationnel mais aussi pour tout ce qui concerne la maintenance des navires. Directeur Général de Bourbon Tech Solutions, Raphaël Brière nous apporte son éclairage sur ce qui contribue grandement à l’« efficacité opérationnelle » et nous détaille la solution digitale d’analyse vibratoire en cours de déploiement au sein de la flotte.
 

La maintenance est une discipline à la croisée des chemins liés aux opérations et à la sécurité. A ce titre, elle est donc une composante particulièrement importante de la performance des navires, scrutée par les clients finaux, les pavillons, etc., qui ont des exigences élevées. Or, le traitement de la data est aujourd’hui un élément clé de l’optimisation de cette performance. La maintenance des navires de support offshore n’échappe pas à cette règle, les capteurs équipant l’ensemble des équipements de propulsion ayant bouleversé les pratiques jusqu’alors en vigueur. « Les données récoltées permettent à la fois de contrôler le fonctionnement des équipements à distance et d’intervenir en temps réel. Cela réduit les temps d’intervention mais cela nous permet surtout d’affiner le diagnostic » souligne Raphaël Brière. « C’est un élément capital car de la qualité du diagnostic dépend la mise en place de la bonne solution ».

Véritable enjeu, la mise en place d’une maintenance prédictive en lieu et place de la traditionnelle maintenance conditionnelle. Objectif : aller au-delà des préconisations des constructeurs et ajuster les interventions grâce notamment aux apports de l’intelligence artificielle et du machine learning.
 

« Une aide à la décision précieuse »
 

Un type de maintenance qui repose donc sur la récolte des données, soit par des capteurs externes mis en place par BOURBON, soit en utilisant les données mises à disposition par les fabricants de matériel. Cette donnée permet ainsi aujourd’hui de réaliser des mesures vibratoires des moteurs, ou plus exactement des machines tournantes (alternateurs, propulseurs, moteurs électriques, etc.). Les équipages sont en mesure de suivre l’état d’usure de ces équipements et ainsi d’adapter les interventions de maintenance. D’une part en reportant un remplacement planifié du palier si ce dernier est encore en bon état ou d’autre part de détecter au plus tôt une défaillance. Cette détection permet une intervention avant que la situation ne se dégrade et que le navire soit indisponible.

« Ces données nous permettent de mettre en œuvre une approche de risque technique plus appropriée, et donc de prendre les meilleures décisions pour optimiser la disponibilité technique… et les coûts. Ici, les mesures vibratoires sont faites à bord, les données envoyées sur une plateforme et analysées par les ingénieurs de Bourbon Tech Solutions. Un rapport est remis à l’équipage à chaque mesure avec des recommandations. »

D’un point de vue pratique, les capteurs sont connectés à un logiciel installé sur une tablette, connectée en bluetooth. Le mécanicien effectue la relève avec la tablette, qui récupère les données des capteurs en bluetooth et les envoie sur une plateforme cloud via internet. Une fois sur cete plateforme, les données vibratoires sont analysées et des recommandations sont consignées dans un rapport diffusé à terre et à bord. « Cette solution « digitale » d’analyse vibratoire est légère à déployer, plus facile pour l’usager, elle est aussi régulière et pertinente pour pouvoir prendre les meilleures décisions techniques. Le déploiement d’une telle solution est en cours sur une partie de la flotte. » Une solution plébiscitée, qui en amènera d’autres.

Regards croisés
Panorama

Compliance : une approche d'amélioration continue

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EDH
Eric d’Harcourt
Group Chief Compliance Officer
3 min

La fonction Compliance doit faire face aux changements de plus en plus rapides et fréquents de l’environnement de l’entreprise. Elle ne se résume pas simplement à bien faire les choses : elle est un vecteur d’excellence opérationnelle et de croissance durable et responsable. Ces derniers mois, BOURBON a su faire preuve d’agilité et de proactivité en faisant évoluer son programme Compliance. Focus sur les Codes de conduite et la ligne d’alerte éthique avec Eric d’Harcourt, Group Chief Compliance Officer.


La mise en place d’un programme de Compliance n’a pas de fin, ni de limite. Elle nécessite une approche d’amélioration continue et de remise en question fréquente pour être toujours en phase avec les évolutions internes et externes. « J’ai toujours considéré la Compliance comme une course de fonds, et non un sprint. Les effets de ses dispositifs, tous comme ceux de la sécurité, sont la plupart du temps visibles dans la durée » souligne Eric d’Harcourt. « La Compliance et la maîtrise des risques sont au cœur de la performance du groupe. Elles sont incontestablement un élément différentiant sur notre marché, par rapport à nos compétiteurs, et nécessitent en outre une vigilance de tous les instants. Nos actions menées ces derniers mois en sont l’illustration parfaite, avec non seulement une mise à jour de notre Code de conduite et une refonte importante du Code de conduite fournisseur et l’optimisation de notre dispositif d’alerte éthique ».

Le Code de conduite BOURBON s’applique à tous les collaborateurs à terre comme en mer et à toute personne travaillant pour le compte de BOURBON. Sa mise à jour a permis de renforcer plusieurs thématiques telles que la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, sanctions, embargos, contrôle des exportations, etc.

Dans le cadre de sa conformité à la loi française « Sapin 2 », BOURBON s’est doté il y a plusieurs années d’un dispositif d’alerte éthique donnant la possibilité à tous les collaborateurs et parties prenantes (clients, fournisseurs, etc.) d’alerter de façon confidentielle et sûre, sur un comportement non conforme notamment contraire à son Code de conduite et d’être ainsi acteur de la prévention des risques de non-conformité. Ce dispositif a évolué en juin 2021, vers une plateforme web (Bourbon.signalement.net) sécurisée par un tiers certifié et accessible en 10 langues, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Il complète les autres modes de remontée déjà présents, notamment par la voie hiérarchique. Le traitement et le suivi des alertes sont réalisés au sein de cette plateforme. « La ligne d’alerte éthique est un des éléments clés de notre programme. Nous communiquons régulièrement en interne sur le sujet et mettons tout en œuvre pour assurer un suivi efficace des alertes. Nous en dénombrons près d’une trentaine depuis la mise en place de la nouvelle ligne d’alerte en juin 2021 : 100% de ces alertes ont fait l’objet d’une investigation. Une Directive relative à ce dispositif et aux lanceurs d’alertes a par ailleurs été finalisée en 2021. Elle devra être mise à jour suite à la promulgation de loi du 21 mars 2022 sur la protection du lanceur d’alerte. »

« La compliance est une fonction pivot dans l’organisation BOURBON ; en quelque sorte, elle joue le rôle de chef d’orchestre entre les différents fonctions et parties prenantes » conclut Eric d’Harcourt. « Ses missions ont tendance à s’élargir avec le nombre grandissant de règlementations et, de façon plus générale, avec l’importance accrue des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) dont les valeurs d’éthique dans la vie des affaires. »

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